Vous reprenez le travail après un congé maternité, peut-être suivi d’un congé parental et il va vous falloir déposer petibout (si petit d’ailleurs) à la crèche ou chez une nounou, et vous angoissez ?

Vous êtes prise de frissons, de vertiges et de maux de ventre à l’idée de vous éloigner plus de 5 min et de plus de 1 mètre de bébé ?

Tant pis pour vous, le sujet de ce billet n’est pas du tout l’angoisse des parents à laisser leur enfant quelque part. Ah ! Ah ! Ah !

Il est question aujourd’hui de la « fameuse » angoisse de la séparation (appelée aussi parfois « peur de l’étranger ») que subit généralement un enfant aux alentours de ses 8 mois.Rien de mathématique cependant puisque cette période un peu chaotique et pas toujours facile à vivre, que ce soit pour petibout comme pour les parents, désemparés, peut survenir jusqu’aux 6 ans de l’enfant, dans des proportions plus ou moins grandes.

Comment déceler l’angoisse ?

Bébé jusqu’alors si riant et charmeur avec son monde devient sourd à toute invitation de bras autres que celui de maman ? Il s’accroche à vous comme une moule à son rocher et ne veut pas vous quitter d’une semelle ? Le moindre sourire de la boulangère, la voisine ou le facteur, jusqu’alors admis dans son cercle, déclenchent cris et pleurs ?

Pire, Papa dont il était le plus grand fan ne rentre plus dans ses grâces, ni pour le bain, ni pour le repas ! Enfin, les hurlements sont de mise dès que vous lui tournez le dos et allez dans une autre pièce que celle où il se trouve.Ne cherchez plus, votre petibout est en proie à l’angoisse de la séparation, aussi désarmante pour lui que pour vous !

Et la déceler est d’autant plus « facile » que bébé vient de franchir le cap des 8 mois, âge aux alentours duquel il a été fréquemment constaté que naissait cette peur.D’ailleurs, ce n’est pas un comportement anodin, tel que vous pourriez le constater lorsqu’un objet tombe avec fracas ou parce qu’il se souvient d’une situation qu’il n’a pas aimée du tout (la piqûre chez le pédiatre par exemple).

Vous- même saurez distinguer l’angoisse des autres frayeurs « courantes » auxquelles il peut être confronté… enfin, vous saurez la distinguer une fois que vous aurez mesuré l’ampleur des états dans lesquels il peut se mettre.Ouille…. Oui, « ouille », parce que je vous l’accorde, ce n’est pas simple. Et croyez-moi, ça l’est encore moins lorsque votre enfant n’a pas 8 mois mais 36 ! Il ne parle plus, ne s’exprime plus que par des hurlements surhumains dès que vous passez le seuil…des toilettes !

Il entre en transe lorsque vous n’êtes plus dans son champ de vision. Bref, j’ai assez eu l’impression (pour avoir vécu cette étape deux fois à deux âges très distincts) que plus l’angoisse survient tardivement, plus elle est décuplée.Donc, le changement d’attitude par rapport à des personnes autres que ses parents, voir autres que sa maman, les modifications du comportement dans des situations ou des lieux jusque-là habituels (le bain ne devient plus un moment de détente mais source de hurlements et de pleurs par exemple) doivent vous mettre la puce à l’oreille, surtout si votre enfant a entre 8 et 10 mois.

Pourquoi cette angoisse ?

Jusqu’à ses 8 mois environ, petibout fait un avec sa maman. Lui et elle ne sont, à ses yeux, qu’une seule et unique personne, indissociables.
Franchi le cap des 8-9 mois, votre enfant se rend compte que finalement, non, il n’est pas scotché à sa mère et inversement. Non, sa maman ne reste pas dans la même pièce que lui en permanence. Non, elle n’a pas d’yeux que pour lui et seulement lui.
Alors l’enfant réalise que sa maman lui manque…

Outre ce constat effarant pour lui, tout ce qui n’est pas « sa maman » devient alors étranger et synonyme d’angoisse et de peur.D’où la dénomination de « peur de l’étranger » que l’on peut parfois lire ou entendre.Il s’agit en fait d’une évolution de bébé, tout à fait normale et passagère. Comme pour de nombreuses étapes de sa vie, bébé va régresser pour mieux avancer et se construire. En réalisant que sa maman et lui ne sont pas une seule et même personne, il comprend également (aussi effrayant que cela puisse être pour un si petibout) qu’il est une personne à part entière.

Comment gérer l’angoisse ?

Tout d’abord démontrez à votre enfant qu’il existe en dehors de ses moments de crise. Intéressez-vous à lui en tant que personne qui découvre et non seulement en tant que bébé qui hurle ses peurs.N’hésitez pas à le confronter au monde et à voir d’autres personnes. Il s’habituera peu à peu. Cependant, si son comportement se modifie sensiblement au contact d’une seule et même personne, il est important de s’interroger plus précisément sur les raisons de cette attitude.

Le confronter au monde ne veut pas dire l’obliger à passer de bras en bras, surtout si ça ne lui plait pas. Allez-y en douceur, avec tact et délicatesse.Jouez aussi souvent que possible à « coucou, me voilà » (ou « coucou caché »), un jeu qui permet à l’enfant de découvrir que même si on ne voit pas les choses ou la personne, elle n’est jamais loin.

Enfin, évitez autant que faire se peut les déplacements et départs longs durant cette période. Forcer la séparation n’aidera pas non plus à passer le cap de ses angoisses. Tout comme il vaut mieux éviter de s’éclipser en douce. Faites le choix de lui expliquer votre départ et de lui dire au-revoir.

Enfin, n’hésitez pas à en parler à votre pédiatre ou homéopathe. Il pourra soulager éventuellement votre enfant, comme vous, parents, en vous expliquant les choses.

Ainsi, l’angoisse de la séparation ou peur de l’étranger est un passage quasi obligé des enfants entre 8 et 10 mois. Elle se manifeste plus ou moins vivement et parfois peut survenir de façon décalée dans le temps (l’un de mes petibout l’a vécue après ses 3 ans). Une fois que vous réalisez que le comportement de votre enfant est lié à cette étape, vous serez plus à-même de comprendre, de lâcher-prise et de tempérer les mouvements d’humeur ! Dites-vous que, comme pour tout, « ça passe » !