Les études sur le comportement des bébés sont formelles. Avant 10/12 mois, les tout-petits ne montrent aucune différence entre les sexes vis-à-vis des jouets qui s’offrent à eux. Pour autant, faut-il s’engager dans une éducation non genrée ? Quelles opportunités les jouets non genrés offrent-ils aux tout-petits, aux parents ? Une cuillère pour doudou tente de répondre aux questionnements de notre temps. Décryptage.
À l’heure où le thème de l’égalité hommes-femmes est plus que jamais d’actualité, la lutte contre les stéréotypes se joue-t-elle dès la petite enfance ? Pour beaucoup de professionnels, la réponse est dans l’affirmative. Promouvoir, dès la crèche, une éducation et une pédagogie égalitaire permet aux enfants de sortir des cases dans lesquelles ils sont placés.
En effet, catégoriser les jouets selon le genre (jouets pour les garçons/jouets pour les filles) pose problème. Cette approche participe à conditionner les enfants, lesquels sont placés dans un environnement qui ne favorise pas toujours leur développement. Ainsi, pour offrir un plus grand nombre d’opportunités, il est conseillé de diversifier les jeux et jouets pour permettre à l’enfant de choisir, d’expérimenter en fonction de ses envies, de ses besoins, d’être acteur de son jeu de manière neutre, sans attributions de genre. Ainsi du camion porteur au poupon, la diversité offre aux tout-petits un développement plus équilibré.
Permettre à bébé de renforcer sa confiance en lui
C’est en général après 24 mois que les enfants commencent à prendre conscience des différences entre les sexes. Les capacités à s’affranchir des stéréotypes sont alors corrélées à l’environnement physique, culturel, familial et économique dans lequel ils grandissent. Autant d’influences sur la façon dont le cerveau se développe. L’entourage est donc primordial. Plus les parents, la famille, les amis proposent des jeux genrés, plus l’enfant absorbe les représentations sociales et culturelles autour de lui.
Pour autant, une mère qui affectionne le rose a tout à fait le droit de peindre la chambre de sa future petite fille avec des fleurs de cette couleur. Dans le même registre, un petit garçon qui adore les dinosaures peut tout à fait en demander. En réalité, l’approche non genrée n’empêche pas d’avoir des préférences, bien au contraire, elle laisse place à une plus grande ouverture d’esprit, plus de liberté aux enfants comme aux parents. Ainsi, dès le plus jeune âge, on constate un meilleur développement de l’estime personnelle, atout indéniable pour la construction de l’enfant au moment de son entrée dans la période de la petite enfance. À plus long terme, de nombreuses études ont déjà pointé les effets des stéréotypes véhiculés par les jouets, notamment dans les choix des études supérieures et de carrière.
Une tendance qui a aussi ses avantages pour les parents
Très en vogue et de plus en plus populaire, l’approche non genrée offre également d’autres avantages. Préparer la naissance devient ainsi beaucoup plus facile pour les parents qui ne désirent pas connaître le sexe de bébé avant l’accouchement. Il est également beaucoup plus facile d’offrir un cadeau à un bébé en se fondant sur ses intérêts et non sur le fait qu’il est un garçon ou une fille. Conscients des bouleversements sociaux en cours, des nouvelles aspirations parentales à sortir des stéréotypes en la matière, de nombreuses entreprises offrent désormais des produits non genrés. Que ce soit pour « une baby shower » , un anniversaire, Noël ou simplement pour une petite attention, les jouets disponibles ne manquent plus à l’appel.
Fabricants et pouvoir publics à l’assaut des stéréotypes de genre
Quand Lego annonce qu’il va retirer les mentions « pour fille » ou « pour garçon » de son marketing, la planète jouet connaît alors une véritable évolution. Dans le même temps, de nombreuses marques comme Mattel ont aussi opérées un virage sur la question, incitée en cela par des politiques publiques de plus en plus volontaristes.
Si l’Espagne a récemment banni les publicités pour jouets genrés, plusieurs pays européens, ont déjà pris des initiatives similaires. En France, une charte a été signée en 2019 par les pouvoirs publics, les industriels, les distributeurs de jouets et par plusieurs associations afin de promouvoir la mixité des jouets. Désormais, la segmentation des produits organisée par catégorie de jouet ou par âge (et non par genre) s’impose tout comme l’utilisation de visuels majoritairement mixtes et de couleur neutre.
Au final, si l’approche non genrée peut apporter un véritable bénéfice aux enfants comme aux parents, elle permet aussi de changer nos représentations sociales et culturelles, de faire évoluer nos sociétés vers plus de mixité et d’égalité entre les sexes.